TÉMOIGNAGES

Si quand j´étais au collège on m´avait dit que 12 ans plus tard je serais à Paris en faisant un master, je ne l´aurais pas cru.
Le Davy Collège, établissement éducatif à Cajamarca où j´ai étudié, il y avait l´anglais comme deuxième langue après l´espagnol. Dans le secondaire j´avais même des cours de Biologie, Chimie et Mathématiques dans cette langue.

A cette époque, j´avais connu une amie de la famille qui parlait 4 langues, c´est comme ça que l´intérêt pour apprendre une troisième langue s´est éveillé en moi. Après certains essais échoues avec l´italien et le portugais (les cours fermaient par manque d´élèves), je me suis inscrite au cours de français. Heureusement ils ne l ´ont pas fermé.

J´étais la plus jeune du groupe, mais cela ne me dérangeait pas. J´ai eu une professeure qui m´a pris par la main et m´a enchanté avec la langue et la culture française. De cette première classe, à laquelle je suis entrée en confondant encore Paris et Romme, à maintenant vivre à Paris: C´est une belle folie!

A 14 ans, en ayant étudié le français pendant 2 ans, j´ai voyagé pour la première fois en France. Je suis allée en échange à un lycée à Vannes (dans la Bretagne Française). J´ai assisté aux cours, passé deux semaines dans deux familles différentes. Un cours d´immersion total, pas seulement dans la langue, mais aussi dans la culture. Une expérience que sans aucun doute a influencé dans ma décision de revenir faire un master dans ce pays.

Et bien sûr, mis à part la langue, cet échange a servi pour “ commencer à ouvrir mes frontières”. J´avais connu autre réalité, j´avais appris à valorer plus ma propre culture, mais j´ai compris aussi que en dehors de mon beau pays, il y avait d´opportunités différentes. C´est ceci ce qui m´a motivé à chercher des échanges pendant ma formation universitaire.

J´ai étudié Pharmacie et Biochimie à l ´Université Cayetano Heredia. Pendant cinq ans j´ai vécu deux échanges, un à Madrid (Espagne) et l´autre à Lille (France). Dans ces deux occasions je suis revenue voir ma famille française (la famille de ma “corres”). Malgré la distance j´ai continué la relation surtout avec une de mes corres. Nous échangions régulièrement des courriers (à cette époque-là, il n´y avait pas encore de Facebook) et lorsque je lui ai transmis mon désir de revenir en France pour faire des études, ils m´ont orienté dans la recherche de logement et d´autres paperasseries à faire.

Personne ne peut nier l´important que l´anglais a dans le monde actuel, on admet que pour être en compétition en égalité de conditions, nous devons parler anglais. Maintenant, ce qui marque la différence avec les autres, est avoir une troisième langue. Je suis totalement convaincue que j´ai fait le meilleur choix au moment de décider d´apprendre le français.

Si maintenant je suis en train de faire un master, c´est grâce à une bourse que j´ai eu pour les élèves internationaux de l´université dans laquelle je fais mes études (Paris- Saclay). L´éducation en France n´est pas chère, mais vivre à Paris oui. Avec ce que je reçois, je peux vivre et voyager un peu, mettre un peu d´argent de côté et surtout avoir accès à une éducation de qualité.

Si j´ai décidé de quitter mon pays, c´était parque malheureusement je ne trouvais pas où m´spécialiser en ce qui m´passionne (nanotechnologie appliquée à la libération de pharmacos). La France me donne l´opportunité d´apprendre sur ce qui est ma passion et dans un futur je voudrais mettre mes connaissances et mon expérience au service de mon pays.

Merci Mme Juárez, ma première professeure de français, cette langue m´a donné la liberté de poursuivre mes rêves.

Rosa Calderón
Français: La langue de la liberté
Un échange te change!!

Je suis heureux d´être parmi vous pour le 25ème anniversaire de notre échange, dans cette belle ville d´Arequipa. Pour nous les Marseillaises ca sera seulement le 5ème anniversaire cet hiver…

Quel message m´inspire cet anniversaire ?

Être parmi vous, c´est premièrement pour réaliser un de mes grands rêves de jeunesse, lorsque j´étais étudiant à l´Université de Nice. Je pense à mes amis qui venaient de tous les pays de l´Amérique Latine que m´ont tant apporté !

Je suis impressionné en premier lieu, par la solidité de cet échange et de sa durée. Chaque année de nouvelles générations traversent l´Océan, mais aussi par le climat de confiance qui reine entre les collègues… La force de cet échange réside dans les rapports d´amitié, les liens tissés entre los collègues.

Quelles sont les vertus de cet échange pour les jeunes français ?

Premièrement sur le plan linguistique, car il y a une véritable immersion dans la langue de Cervantes et plus particulièrement dans sa version latino-américaine spécifiquement péruviennes, ceci est exact car on parle ici l´espagnol le plus pur.

Sur le plan culturel et social, nos jeunes se rendent compte des différences, les problèmes qui touchent la société péruvienne. Cela les aide à mieux voir le monde avec ses inégalités, ses injustices et à réfléchir sur les relations entre le Nord et le Sud.

Sûr le plan éthique, les élèves d´un lycée de deuxième enseignement découvrent d´autres valeurs, comme la famille par exemple, qui est plus importante au Pérou qu´en France. La vie de groupe, où il faut apprendre à faire des engagements, à respecter les autres, au dialogue entre les générations.

Selon le plan de responsabilités, ils apprennent à être plus autonomes, à faire face aux difficultés. Être loin de leur famille, loin des habitues. Ils sont beaucoup les éléments qui vont les aider à grandir et à penser à leur existence. Nous sommes tous bien sûr, convaincus des bénéfices de l´Interculturalité.

Admirez-vous les uns les autres » nous dit l´écrivain Stefan Zweig qui avait le goût pour les langes et les voyages. Comment interpréter cette belle idée si généreuse sans trop de naïveté ? Il y a de belles choses dans toutes les cultures et dans les peuples que no ne possédons pas. Chaque culture est un trésor et nous sommes faits pour les explorer. Si je parle la langue de l´autre ou si nous trouvons une langue commune, l´exploration sera plus facile. Un séjour au Pérou pour un jeune français, pourra l ´enrichir dans sa vie sur certains aspects qui manquent dans sa propre culture. Par exemple, s´exprimer plus avec son corps (par la danse, le chant). Mieux respecter les autres générations grâce au sens de la famille, plus prononcés dans les cultures latines et andines, partager plus avec les autres. Tout ça peut changer certains aspects d´une vie. En échange je découvrirai les défauts ou les coactions, les inerties qui peuvent exister chez l´autre, je pourrai donner plus de valeur à certains aspects positifs de ma propre culture sans arrogance.

Je finis par une citation de notre merveilleuse Flora Tristan, arequipénienne et française, que j´admire par son combat et la clarté de ses intentions si bien évoquées par son grand écrivain et biographe Mario Vargas Llors.

“Les limites de notre amour ne doivent pas être les bouissons qui bordent notre jardin, ni les murs qui entourent notre ville, ni les montagnes ou les mers qui bordent notre pays. Dans l´avenir notre Patrie doit être l´univers.“

Flora Tristán
“Nécessité de bien accueillir les femmes étrangères“, París 1835.

Daniel Micolon
ASSOCIATION LATINA