Quels sont les avantages de cet échange pour les jeunes Français ?

D’abord sur le plan linguistique, car il y a une véritable immersion dans la langue de Cervantès, et plus particulièrement dans sa version latino-américaine, particulièrement péruvienne. C’est nécessaire pour parler ici l’espagnol le plus pur.

Sur le plan culturel et social, nos jeunes prennent conscience des différences et des problèmes qui affectent la société péruvienne. Cela les aide à mieux comprendre le monde, ses inégalités et ses injustices, et à réfléchir aux relations entre le Nord et le Sud.

Sur le plan éthique, les lycéens découvrent d’autres valeurs, comme la famille, par exemple, qui valorise une place plus importante au Pérou qu’en France. La vie en groupe, où il faut apprendre le compromis, le respect d’autrui et le dialogue entre les générations.

« Admirez-vous les uns les autres », nous dit l’écrivain Stefan Zweig, passionné de langues et de voyages. Comment interpréter cette idée belle et généreuse sans être trop naïf ? Il y a de belles choses dans toutes les cultures, dans tous les peuples, que nous ne possédons pas. Chaque culture est un trésor que nous sommes appelés à explorer. Si je parle la langue de l’autre ou si nous trouvons un langage commun, l’exploration sera plus facile. Un séjour au Pérou pour un jeune Français peut enrichir sa vie de certains aspects manquants dans sa propre culture. Par exemple, s’exprimer davantage avec son corps (par la danse et le chant), mieux respecter les autres générations grâce au sens de la famille et du groupe, plus prononcé dans les cultures latine et andine, et partager davantage avec autrui. Tout cela peut transformer certains des dons d’une vie. En retour, je découvrirai les failles ou les contraintes, je percevrai l’inertie qui peut exister chez les autres et je pourrai valoriser certains aspects positifs de ma propre culture sans arrogance.

Je conclus par une citation de notre merveilleuse Flora Tristán, originaire d’Arequipa et française, dont j’admire la combativité et la clarté d’esprit, si bien évoquées par son grand écrivain et biographe Mario Vargas Llosa.

« Les limites de notre amour ne doivent pas être les buissons qui entourent notre jardin, ni les murs qui enferment notre ville, ni les montagnes ou les mers qui bordent notre pays. Désormais, notre patrie doit être l’univers. »

Flora Tristán

« La nécessité d’accueillir les étrangères », Paris 1835.